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Elus communistes Aulnay-sous-Bois
23 octobre 2008

Guy Môquet, le courage d’un combat

Texte paru en Mai 2007 dans le journal l'Humanité

Hommage . Le souvenir du jeune résistant communiste sera honoré. Sa dernière lettre à sa famille sera lue à tous les lycéens. Nicolas Sarkozy investit le terrain de la mémoire…

La décision a été annoncée, mercredi, par le président de la République, aussitôt après son installation, lors d’une cérémonie d’hommage aux 35 jeunes résistants fusillés à la Cascade du Bois de Boulogne (voir ci-contre). La dernière lettre du jeune résistant communiste Guy Môquet, fusillé par les Allemands le 22 octobre 1941, sera lue au début de chaque année scolaire dans tous les lycées de France. « Je crois essentiel d’expliquer à nos enfants ce qu’est un jeune Français », a justifié Nicolas Sarkozy. « Soyez fiers de la France au nom de laquelle ils sont morts », a-t-il lancé à l’adresse des jeunes générations, invoquant le souvenir de jeunes résistants « pour lesquels la France comptait davantage que leur parti ou leur église ».

GuyMoquet_7281

exécuté par les nazis à dix-sept ans

Maintes fois évoqué par le chantre de « l’immigration choisie » et de « l’identité nationale » durant la campagne présidentielle, l’élève du lycée Carnot, militant de la Jeunesse communiste, assassiné par les nazis à dix-sept ans, est donc honoré, aujourd’hui, par un président de la République soucieux d’effacer son image d’homme de division. Trois grands résistants, Serge Ravanel, Daniel Cordier et Raymond Aubrac, tout en rappelant leur distance à l’égard de Nicolas Sarkozy, se sont félicités de cette initiative, en souhaitant que le parcours du jeune résistant soit expliqué par les enseignants.

De la « liquidation de mai 68 » à l’exaltation de « l’esprit de la résistance » en passant par la légitimation des conquêtes coloniales, le nouveau chef de l’État entend faire de l’histoire un terrain privilégié de son combat idéologique. Pour reprendre l’expression de Gérard Noiriel, Nicolas Sarkozy « consacre les grands personnages qui ont fonction de le consacrer » (1). « Ce discours mémoriel, poursuit l’historien, a aussi pour but de fabriquer un consensus occultant les rapports de pouvoir et les luttes sociales ». Le combat politique dans lequel s’inscrivait Guy Môquet est, effectivement, gommé dans le discours du président de la République, au profit de l’exaltation de la seule « fierté de la France » qui aurait guidé, selon lui, le jeune résistant. Exit, la lutte antifasciste, l’internationalisme, l’idéal d’émancipation humaine, d’égalité, de démocratie, qui l’animaient.

En outre, seule la responsabilité de « la Gestapo » est ici stigmatisée. Si l’historien Max Gallo l’a soulignée, en revanche, Nicolas Sarkozy passe totalement sous silence la responsabilité de la police et du gouvernement de Vichy. L’évocation du rôle joué par des Français dans l’assassinat des jeunes résistants honorés aurait terni le récit national héroïque et lisse que souhaite écrire le nouveau président de la République. Pourtant, ce sont bien des policiers français, à la recherche de militants communistes clandestins, qui arrêtent Guy Môquet, le 13 octobre 1940, au métro Gare de l’Est. Avant de le passer à tabac pour tenter de lui extorquer les noms des camarades de son père, le député communiste du 17e arrondissement, Prosper Môquet, arrêté un an plus tôt, déchu de son mandat et déporté en Algérie.

une liste d’otages

à fusiller

Incarcéré à Fresnes, puis à Clairvaux, Guy Môquet est finalement transféré, avec d’autres militants communistes, au camp de Châteaubriant. Le 20 octobre 1941, le Feldkommandant Karl Hotz est abattu à Nantes par trois résistants communistes : deux Français, Marcel Bourdarias et Gilbert Brustlein, et un « immigré », l’Italien Spartaco Guisco. En guise de représailles, les autorités nazies soumettent au ministre de l’Intérieur de Pétain, Pierre Pucheu, une liste d’otages à fusiller. Ce dernier parlemente, sélectionne les communistes, « pour éviter de laisser fusiller 50 bons Français ». Deux jours plus tard, dans la carrière de la Sablière, à la sortie de Châteaubriant, 27 résistants sont assassinés, parmi lesquels Guy Môquet. Ceux que les représentants du gouvernement de Vichy considérent comme de « mauvais Français » tombent en s’écriant « Vive la France ! » Une France qu’ils rêvaient, comme les « étrangers » de l’Affiche rouge, débarrassée du poison de la peur et de la haine de l’autre.

(1) Gérard Noiriel, les Usages de l’histoire dans le discours public de Nicolas Sarkozy, texte publié sur le site Internet du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire.

Rosa Moussaoui

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